Je suis vert. Vert foncé.
Il y a vingt minutes mon portable sonne. Dring, dring (je vous fais le bruit du portable)
« Allo ? »
« Allo, Tof ? Salut c’est Toto ! » (Thomas Baujard, journaliste à Moto Journal)
« Ah Toto, j’suis content de t’entendre, comment tu vas ? »
« Super ! Dis-donc, qu’est-ce que tu fais de mercredi à samedi ? »
« Ben je travaille pardi ! Dis-moi pas que… »
« Si. On part sur le circuit de Valence (le circuit de GP, en Espagne) pour un comparo. Stef (Stéphane Coutelle, ex-pilote d’usine Kawasaki) ne peut pas venir, faut le remplacer, on t’emmène ? »
Coup d’œil sur mon agenda. Ma liste de rendez-vous est longue comme celle d’un ophtalmo conventionné. Je reprends le téléphone la voix cassée.
« C’est foutu Toto, je ne peux vraiment pas… »
« C’est pas grave. Je te rappelle à la prochaine occasion »
« Ok Toto, t’embrasses tout le monde là-haut… »
« Tchao bye mon petit lapin (on est intimes…) »
Voilà, ça fait vingt minutes que je tourne en rond dans mon bureau. Je n'arrive pas à m’asseoir. Je suis vert, vert comme les Kawa que Stef pilotait. Vert comme les pelouses qui bordent le circuit de Valence. Mercredi je jetterai un coup d’œil rêveur par la fenêtre ensoleillée en mordillant mon crayon et en rêvant que je rentre dans Doohan bend à fond de 4…
La vie est si cruelle...